“Science isn’t finished until it’s communicated”
Sir Mark Walport, U.K. Government Chief Scientific Advisor
De nos jours, une demande de plus en plus forte est faite aux scientifiques, afin qu’ils communiquent leurs travaux de recherche au grand public. Les festivals de vulgarisation scientifiques connaissent un succès grandissant, aux échelles nationale et internationale : la Semaine du Cerveau, la Fête de la Science, Pint of Science, March for Science… mais les travaux de recherche scientifique ont-ils vraiment besoin d’être expliqués ?
La réponse est, indéniablement, oui et pour de nombreuses raisons. Beaucoup pensent que c’est le devoir du scientifique d'expliquer aux contribuables pourquoi ils étudient, mesurent ou essayent de comprendre quelque chose. Pourquoi font-ils cela et comment cela pourrait-il aider la société ? La société d'aujourd'hui dans la plupart des pays dépend fortement de la science et cette dépendance ne fera qu'augmenter. Certains travaux de recherche sont de la bonne science et d'autres sont discutables. Il est essentiel que ce débat public soit « bien informé ».
Voyant dans l’éducation le premier principe de la liberté, Albert Jacquard (1925-2013), généticien, a multiplié les conférences et les écrits de vulgarisation. Il considérait que son devoir n’était pas seulement d’être un scientifique, mais d’être avant tout un citoyen. Il fut d’ailleurs parmi les premiers scientifiques à prendre conscience de la perversion de la science par les marchés et aussi de la relativité de nos savoirs.
Utiliser des objets connectés, cuisiner des salades avec du maïs, prendre la voiture au quotidien sont des gestes familiers, qui sont inscrits dans des controverses sociétales actuelles : intelligence artificielle, ondes électromagnétiques, OGM, développement durable… La recherche scientifique est indissociable de ces débats, d'une part parce qu’elle a fourni les connaissances qui ont permis le développement des technologies et d'autre part, parce que les chercheurs continuent de produire de nouveaux savoirs qui nourrissent les réflexions.
Un autre aspect important de la communication consiste en la promotion des sciences auprès des collèges et lycées, à travers des activités ludiques et interactives qui marqueront les participants. Cela permet de mieux orienter les scolaires, vers l'entreprenariat, l’innovation et les métiers d'avenir car la société évolue très vite et les enseignants et conseillers d'orientation ont souvent des difficultés à bien informer les scolaires, comme ils ne connaissent pas eux-mêmes ces métiers.
Les scientifiques sont donc les mieux placé-e-s pour sensibiliser cette jeunesse et transmettre leur passion de la recherche, qui est une valeur sûre de l'innovation. Pour impacter le grand public et les scolaires efficacement, les scientifiques doivent se former en communication et vulgarisation scientifique. Cela fait partie des compétences transférables qu'un-e jeune chercheur-e doit développer dès le doctorat. Le fait d'avoir des échanges de qualité permettra aussi de créer un lien vital entre les scientifiques et le grand public, qui facilitera grandement les sciences participatives.
Ainsi, la première rencontre de Eurodoc sur la science dans la société à Strasbourg « EMCS1- Strasbourg » est une excellente opportunité pour les réflexions critiques, l'apprentissage et le réseautage pour la croissance future de la science citoyenne en insistant sur le rôle des jeunes chercheur-e-s dans la mise en oeuvre d'une culture européenne des sciences citoyennes.